L’ART-MATRICE/FESTIVAL AFRICOLOGNE
“L’Art-Matrice est profondément ancré dans l’ADN du festival Africologne. Car Africologne met en valeur des paroles d’artistes de la diaspora africaine et des artistes du continent africain, qui, en tant que telle ne sont pas toujours assez entendus et valorisées en Europe. Les artistes présentés mettaient en valeur et au coeur de leurs productions la parole d’émancipation portée par notre projet commun l’Art-Matrice. Ce ne sont que quelques exemples de la lutte artistique avec des armes pacifiques pour accéder à une vision du monde futur et prendre en main les défis d’aujourd’hui et de demain. Beaucoup d’autres spectacles dans la programmation d’Africologne témoignent de l’engagement brillant des artistes et de l’Art-Matrice qui peut faire vibrer le monde. Nous espérons qu ‘ils auront donné aux spectateurs-trices participant-e-s au projet l’audace de s’engager dans leur propre parole, de poursuivre leur quête au-delà de nos rencontres et porter une Europe d’inclusion et de diversité féconde.” Kerstin Ortmeier, directrice du festival Africologne
Les ateliers AM (Cologne)
Les ateliers AM / Corps, coeur et voix.
Parallèlement à l’atelier vidéo mené par Vadrouille Arts où l’on voyait les jeunes et moins jeunes se concentrer , être attentifs tant au matériel qu’aux personnes filmées, il y eut , le contenu des ateliers filmés : Là encore les Baba Jaga d’Oltre ont mené un Circle Singing mais cette fois associée à des chanteuses du groupe Zing, La pratique de chant en cercle a permis à de nombreux artistes performers de partager un temps récréatif avec des amateurs locaux allemands et autres. Il s’est donc agi de prendre plaisir à utiliser sa voix, sans jugement de soi ou de l’autre, dans l’optique d’utiliser cet outil que l’on porte au quotidien comme un moyen de se libérer, d’écouter, de s’accorder, de s’exprimer, d’expérimenter… Mata-Malam a pris la suite de l’atelier en partageant des outils mêlant théâtre, improvisation, visualisation et voix. Vadrouille Arts assurait la partie initiation à la vidéo : d’un commun accord, certains participants se sont rangés du côté de l’équipe technique et se sont essayé (accompagné par les deux réalisatrices de Vadrouille arts) à suivre le déroulé et le crescendo de l’atelier. Les exercices, intenses et introspectifs, ont amené les participant-e-s dans des zones intimes de pouvoir, pour leur permettre de mettre la main sur ce qui les bloque et d’ainsi exprimer une colère pour s’en émanciper. La combinaison de ces pratiques, de la voix et du corps, du chant et des mots, des différentes langues, a construit peu à peu un grand espace de confiance et de liberté chez les participant-e-s et les intervenant-e-s. Plusieurs des artistes programmés durant le festival ont pris part aux ateliers. Quelques heures peuvent suffire pour découvrir l’étendue de ses possibles jusque là refoulés. Ce fût le cas pour Waï, un jeune musicien chinois : « Je viens pour m’ouvrir, pour donner de l’énergie à mon violon. Mais, je ne serai pas disponible demain », déclare-t-il lors de l’ouverture de l’atelier. Après des exercices de qi gong, d’ancrage au sol, de libération de son sacrum et de respiration, chacun exprime son lâcher prise : rires, bâillements, pleurs… Une nouvelle connexion au monde s’élabore à partir de laquelle le travail sur soi, lavé des préjugés, va pouvoir commencer. « La première étape pour devenir comédien, c’est renouer avec l’être humain qui est en nous, ce centre émotionnel que met en branle tout acteur quand il croise imaginaire et réalité. » Le jeu ne consiste pas à inventer la vie, puisque la vie est déjà là, mais il faut savoir cependant y introduire de l’imaginaire pour rester libre. Valentine propose donc aux participants de choisir dans leur quotidien un sujet de révolte qui les implique émotionnellement : un conflit dans leur pays d’origine, une discrimination scolaire, des mouvements extrémistes qui les effraient ou/et les révoltent… Quel que soit le fragment de vie choisi, il sera propulsé dans une situation imaginaire. Ils pourront enfin exprimer cette révolte mais, la consigne est donnée : devant des personnes indifférentes à leur trauma ! Quels arguments trouver, comment 51 se faire entendre, et finalement comment continuer à changer le monde pour ne plus le subir ? Cette étape est intense, concentrée. Certains écrivent pendant que d’autres bougent dans l’espace tout en visualisant cet autre qu’il va falloir convaincre. Le mandarin et le castillan colombien s’invitent comme de nouvelles langues, matrices de changement, motrices d’émotions intimes. Ce premier atelier fut un training collectif puissant qui a véhiculé une charge émotionnelle à couper le souffle.