Un séminaire interculturel de 4 jours
Débats, témoignages, histoires de vie, ateliers et performances artistiques comme outils d’émancipation et de transformation du monde. Nous avons créé un espace où les histoires et les expériences de chacun se croisent pour faire émerger de nouvelles visions et possibilités d’action, capables de nous transformer et donc de transformer le monde.
L’événement l’Art-Matrice était organisé sur plusieurs jours dans le centre culturel et social Camere d’Aria et fut composé à la fois de tables rondes, de projections, d’ateliers, de performances, de groupes de réflexion autour du sujet. Comment faire de l’art une arme de transformation sociale pacifique? Soyons nous-mêmes des art-matrices, des figures inspirantes. Camere d’Aria, un lieu insolite aux acteurs variés : Camere d’Aria (« chambres à air » en français, jouant sur les deux sens du garage à vélos et d’un espace où prendre l’air, d’un espace aéré) est un espace municipal multifonctionnel où transitent des formes d’expressions artistiques et sociales portées et animées par l’association Oltre engagée depuis plus de vingt ans sur des projets d’éducation populaire. En 2014, Oltre loue cet espace abandonné qui revit dans un premier temps autour de l’activité d’un garage solidaire de réparation de vélos. Puis soutenu par la municipalité, le lieu prend de l’ampleur. Une petite salle de spectacle, des cuisines, des dortoirs sont aménagés par les usagers du lieu et l’association Oltre. Ainsi, au côté du garage qui continue d’attirer de nombreux habitants du quartier, les dortoirs accueillent sur des séjours de quelques semaines des jeunes gens, étudiants ou travailleurs, en réflexion sur leurs choix de vie. Quant à la salle de spectacle largement polyvalente, mise à disposition et ouverte à d’autres associations, des ateliers permettent un panel de découvertes de disciplines artistiques très riches auquel peuvent avoir facilement accès les résidents. Mais rien ne les oblige non plus. « Chambres à air » devient alors ce lieu original dans lequel les frontières identitaires et sociales s’affaiblissent, voire se dissolvent pour laisser lieu à l’échange, à la contamination et à la libre circulation des connaissances et des pratiques.
Les ateliers AM (Bologne)
“Entendre toutes ces langues se fondre et se confondre dans un groupe à l’écoute et curieux était extrêmement agréable et enrichissant” ponctue la journaliste locale Mina Manfredo.
Les ateliers, des espaces d’expression et d’expérimentation : Les jours de rencontre se poursuivirent avec les ateliers de création et d’expression, animés par des intervenants d’Oltre, Mata, Vadrouille Arts, Afrotopia ainsi que par les associations italiennes partenaires : le Théâtre de l’Opprimé, le choeur Baba Jaga et la Contact Dance… Une danseuse et des chanteuses italiennes, des actrices française et congolaises, une illustratrice allemande, un comédien grec… Ces ateliers étaient conçus comme un dispositif de recherche-action, un espace privilégié de partage et d’expérimentation, outils d’émancipation, un moment de découverte ou d’approfondissement de disciplines artistiques variées. Un éclectisme de propositions qui ont rendu les participants issus d’horizons divers, curieux devant l’occasion rare de vivre une sorte de résidence de création collective et éphémère. Tous les intervenant-e-s s’appuient sur des principes d’éducation populaire et ont fait le pari du bouillonnement, de la dynamique et du flux. Ces ateliers allient le travail sur le corps et les émotions, le bruit, le silence et les mots, conducteurs/inducteurs d’un langage universel, car ici, toutes les consignes sont distribuées en trois langues. Italien, français, allemand, mais il n’est pas rare d’entendre du grec ou de l’anglais. Ces traductions n’ont pas facilité la communication des consignes, mais étaient à l’image du projet européen et ont offert une marge de manoeuvre ou une marge d’incompréhension qui donnait lieu à une diversité d’interprétation et d’expression plus qu’intéressante, dans une belle spontanéité. La complexité et l’intérêt de l’animation de ces ateliers tient beaucoup dans le fait que les participants viennent munis d’expériences, de réalités et d’attentes différentes : simple découverte, recherche d’une voie possible, interrogations sur soi, approfondissement d’une pratique, recherche d’une pratique collective… C’est l’un des piliers de l’AM que de mixer les publics, de confondre dans une même action de création et de réflexion amateurs et professionnels, curieux en chemin ou artistes accomplis ou en devenir. C’est alors aux animateurs de travailler dans les interstices, de venir parfois bousculer les attentes, de dépasser les frustrations pour proposer d’autres possibles, d’accueillir les différences et d’en faire une matière à explorer, ensemble. Chaque atelier se termine par un temps de discussion autour de son ressenti, y compris celui des animateurs-trices. Une discussion qui se poursuit ensuite entre eux et elles afin d’analyser et de dégager des axes d’amélioration. Car l’AM porte en elle une logique de recherche-action évolutive permanente.